lundi 30 août 2010

Développement personnel par la pratique artistique (le conte) Par: Isabelle Pozzi (I.1)

I. Le rôle du conte dans la société traditionnelle


                          1. La parole qui rassemble


Dans les sociétés traditionnelles, des peuples inuits aux tribus africaines, des villages provençaux aux voyageurs tsiganes, le conte est une parole qui rassemble. Il réunit en général toutes les générations autour d’un ancien, symbole de sagesse et d’expérience. Quand la parole conteuse retentit, tous les auditeurs sont prêts à écouter en silence un récit captivant dans lequel chacun va puiser la nourriture dont il a besoin selon son stade d’évolution, son âge, son sexe, son histoire personnelle, ses questionnements intimes… Le conte est une parole qui propose sans imposer. Il est le théâtre d’une multitude d’actions, de réactions, d’interprétations qui n’appartiennent qu’à celui qui écoute. Lorsque tout un village aura entendu au même moment, le même conteur raconter la même histoire avec les mêmes mots, chaque villageois partira avec, dans l’esprit, une histoire propre à lui seul, empreinte de ses références, de ses doutes, de ses angoisses, de son expérience… Yannick Jaulin, l’un des néo-conteurs, auquel est associé le monde farfelu de Pougne-Hérisson, village des Deux-Sèvres dont il a fait le «Nombril du Monde», n’hésite pas à affirmer que «dans une société comme la nôtre, traversée par toutes sortes de mutations déboussolantes, le conte est une parole qui doit aussi être entendue par les adolescents, les parents et les grands-parents. Car, dit-il, le conte réconforte, enseigne, guide chacun tout en créant du lien entre tous.» Ils auront pourtant partagé ensemble un moment d’émotion pure, d’écoute intime, d’échange, qu’ils ne retrouveront dans aucun autre moment de vie commune à part peut-être… des moments sacrés, des rites, des messes. Si la religion relie l’homme à Dieu, le conte, lui, relie les hommes entre eux. Éducateur de rue à Marseille, Franck Libernois parle «des vertus rassembleuses» des histoires que des adolescents à la dérive viennent écouter chaque vendredi soir dans un local prêté par la commune. «Il y en a pour tous les goûts et toutes les traditions, dit-il, puisque ce sont des parents bénévoles africains, maghrébins, asiatiques qui animent chaque soirée et la musique est assurée par les jeunes eux-mêmes. Mais au bout du compte, on a l’impression de former la même communauté et d’affronter les mêmes défis humains ». Le conte a ce caractère particulier d’être intemporel et universel et de traverser les époques et les cultures sans complexes ni marques du temps.


samedi 28 août 2010

Développement personnel par la pratique artistique (le conte) Par: Isabelle Pozzi

Je vous propose de découvrir chaque semaine une partie du support pédagogique que j'ai créé afin d'animer  les stages de développement personnel par la pratique artistique que je propose tout au long de l'année.
Puisqu'il faut bien commencer par le début, voici l'introduction à ce travail. 




Introduction


Depuis la découverte de l’inconscient par Freud, nombre de travaux issus de disciplines variées – histoire, littérature, sociologie, psychanalyse – l’attestent : la force invincible des contes tient à ce qu’ils touchent les profondeurs de l’âme, là où s’affrontent avec violence les forces du bien et du mal et où se cherche le sens de la vie. À travers images et situations symboliques, les contes délivrent des messages universels qui aident l’enfant à grandir. 

Ainsi le psychiatre Bruno Bettelheim a été le premier à affirmer dans son livre majeur Psychanalyse des contes de fées, paru en 1978 : «Tout en divertissant l’enfant, le conte l’éclaire sur lui-même et favorise le développement de sa personnalité». En effet, dès son plus jeune âge, l’enfant éprouve des angoisses et des peurs qui touchent aux relations dans la famille (rivalité fraternelle, crainte d’être abandonné, inceste, etc.), ou le concernent directement dans son développement (confiance en soi, renoncement à sa toute-puissance infantile). 

Autant de tensions et de difficultés internes que le jeune enfant ne sait pas encore maîtriser. Or, les contes lui permettent de s’identifier à des héros qui ont les mêmes problèmes que lui (l’abandon dans le Petit Poucet, la jalousie fraternelle dans Cendrillon, la mort d’un parent dans Blanche-Neige, etc.) et auxquels ils savent trouver des solutions : l’un demandera de l’aide à plus fort que lui, l’autre rencontrera un animal bienveillant et protecteur… Et au bout du compte, une fin heureuse récompensera le héros courageux : « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants.»… enfin… la plupart du temps…



mercredi 25 août 2010

La Clamousa (La pleureuse) Isabelle Pozzi


C'était une famille pauvre mais nombreuse comme cela arrive souvent. Il y avait la grand-mère, morceau de bois sec mais qui s'accrochait encore bien à la vie. Bien sûr le poids des ans lui interdisait les travaux des champs, mais à la maison elle rendait de grands services et allégeait le travail de la mère. Il y avait la mère, belle et jeune encore. Elle vendait le fruit du travail du père sur les marchés. Il y avait le père, lui travaillait aux champs et rempaillait les jours de foire. Et puis il y avait les enfants, dix en tout. Les plus petits aidaient à la ferme comme ils le pouvaient, ils cassaient plus d'oeufs qu'ils n'en rapportaient mais ils étaient toujours de bonne volonté. Et puis il y avait Guilhem, l'aîné. Le travail de Guilhem, c'était de monter les moutons à l'estive à la belle saison, de les garder durant tout l'été et de les redescendre à la ferme une fois l'hiver annoncé.

Tout l’été, c’est vite dit. Mais quand on a tout juste onze ans et qu’on est seul à l’estive avec ses moutons, tout l’été, c’est long! Alors, pour faire passer le temps quand il traînait la patte, Guilhem avait pris l’habitude de prendre des morceaux de bois assez gros, assez épais et de les sculpter, patiemment, des heures durant. Quand il avait fini, le morceau de bois s’était transformé en bonhomme ou en bonne femme. Ces personnages qu’il créait lui tenaient compagnie dans son abri de pierres où il les disposait bien en rond, adossés au mur tout autour de lui, et protégé par ces totems personnels, il s’endormait paisiblement à la nuit tombée. Mais à force d’en sculpter, il se retrouvait parfois à l’étroit sous son abri. Alors ces jours là, il les regardait tous un par un, les examinait et il ne gardait avec lui que ceux auxquels il tenait, ceux qu’il trouvait les plus réussis. Les autres, ils les prenait et allait les jeter dans un trou qu’il connaissait, là bas, tout au bout de l’estive.

La suite de ce conte d'Isabelle Pozzi 
dans le spectacle "Contes sous le figuier"...

mercredi 18 août 2010

Parole libre...



Mémoires d’une louve…



Conte sous forme de témoignage, 
publié dans la revue
  MIRABILIS (La revue du conte et des conteurs) 
n°3 de Mars 2010
Ainsi qu'une interview d'Isabelle Pozzi
Mais aussi un article et une interview du grand Michel Hindenoch
et d'autres trésors...

http://www.liber-mirabilis.com/PBSCCatalog.asp?CatID=516607






Ce matin là, j’avais été réveillée par quelque chose. Je n’aurais pas su dire quoi, une impression, quelque chose d’inhabituel dans l’air… Je me suis donc levée très tôt et  après m’être préparée rapidement, je suis sortie de chez moi. J’habitais à cette époque loin de tout village en lisière de forêt dans une assez grande maison que j’avais baptisée « Ma Tanière » parce qu’elle était appuyée à flanc de colline et même en partie creusée dedans. 

Dès mon premier pas dehors j’ai senti le froid. Les feuilles rousses craquaient sous mon poids et les arbres autour de moi étaient presque nus. J’ai marché un long moment au milieu des herbes hautes qui bordaient le chemin et je m’arrêtais de temps en temps pour boire par jeu les gouttes de rosée qui étaient restées accrochées aux graminées. Je n’avais pas donné de but à cette ballade très matinale. Mais je prenais un plaisir infini à me retrouver seule dans les bois et, seule au monde, en tout cas j’en avais l’impression. Le monde semblait m’appartenir. 

Je me dirigeais tout droit vers la rivière en contrebas, dans le vallon, espérant y trouver quelques poules d’eau venues se désaltérer près d’une laune ou un jeune chevreuil avec sa mère. J’avançais  comme ça, l’esprit rêveur, distraite, au point que quand j’ai levé les yeux, sortant de mes pensées, j’avais perdu mon chemin. Je m’étais non seulement éloignée de la rivière mais en plus je me trouvais dans une partie de forêt que je ne reconnaissais pas du tout. 

J’ai regardé autour de moi pour tenter de prendre des repères, de découvrir un chemin connu ou une souche que j’aurais déjà vue… mais rien. J’étais perdue. J’ai tendu l’oreille, je suis restée attentive un moment… et là… j’ai entendu…

Des pas humains venaient de ma droite, droit sur moi. Une présence aurait du me rassurer. Mais là, dans cette forêt, de bon matin, … je me suis cachée ! Bien à l’abri derrière un buisson je me suis tapie et je n’ai plus bougé pour ne pas faire craquer les feuilles mortes par terre. J’ai attendu. J’ai observé. C’était un homme. Plutôt grand, brun, de stature très fine. Apparemment ce n’était pas un chasseur. Ça m’a rassurée. J’ai toujours eu peur des chasseurs. Il s’est arrêté et s’est assis sur une grosse pierre arrondie juste en face de moi. Après un court moment, l’homme a pris une grande inspiration, il a fermé les yeux et s’est mis à chanter, doucement dans un souffle. 

J’étais restée cachée et je le regardais et je l’écoutais. Et plus je le regardais et plus il me semblait différent des autres hommes que j’avais croisés dans ma vie. Il avait une douceur en lui qui lui donnait peut-être plus de force encore que les fusils n’en donnent aux chasseurs. Il me faisait penser à l’un de ces chefs de tribu qui, sûrs de leur supériorité et de la reconnaissance de leur clan, restent sereins en toutes circonstances. Ils n’ont plus rien à prouver ceux qui ont été hissés au rang de chefs respectés. Cet homme était comme ça. Assis, calme, au milieu d’une forêt parfois hostile aux hommes, il chantait doucement et semblait faire partie d’un ordre établi. Il m’a semblé tout à coup qu’il était à sa place ici.

A force d’écouter son chant, de le regarder, je m’étais retrouvée à découvert sans m’en rendre compte. C’est quand il a ouvert les yeux et qu’il m’a vue que j’ai compris. Et là il s’est passé la chose la plus étrange qui soit : c’est lui qui a eu peur de moi!  Alors là, je n’en revenais pas ! Que des lapins ou des biches aient peur de moi d’accord, ça c’était normal. Mais qu’un homme ressente de la crainte en me voyant, ça, je n’aurais jamais cru !  J’en étais presque gênée. Moi qui avais toujours su ce que je devais faire dans chaque circonstance de ma vie, je me sentais désarmée et gauche devant cette peur là.

Souvent quand on ne sait pas quoi faire, on écoute son instinct. Et bien là mon instinct à moi m’a dit de m’asseoir en face de cet homme et de chanter à mon tour ; et c’est ce que j’ai fait. Pendant que je chantais, peu à peu, j’ai vu son visage se détendre, son regard s’est apaisé, il m’écoutait et me regardait, calmement. Et puis son chant à lui a repris, doux comme un courant d’air. Et on a chanté comme ça, lui et moi, moi et lui, longtemps. J’ai eu à ce moment là un sentiment de liberté que je n’avais jamais connu avant, et que je n’ai jamais plus retrouvé par la suite.

Au bout d’un long moment je me suis tue, pour mieux l’écouter. Mais lui, il s’est tu aussi. Peut-être par courtoisie. Un grand silence s’est installé, profond et vivant entre nous. J’ai sentit ma queue balayer les feuilles mortes derrière moi. Lui, il a tendu sa main, l’a approchée à une longueur de moustache de mon museau puis, voyant que mes oreilles se penchaient vers l’arrière, vieux reste de crainte légitime, il a renoncé à sa caresse. Nous avons tous deux respecté ce beau silence et après un dernier long regard de ses yeux d’homme dans mes yeux de louve, de mes yeux de louve dans ses yeux d’homme, nous avons repris chacun notre chemin.

Curieusement, j’ai retrouvé tout de suite celui qui me ramènerait à « Ma Tanière »…

                                                                                                                                                                       Isabelle Pozzi

mardi 17 août 2010

Caisses à contes et paniers d'histoires...


Mes spectacles en vrac...

Quand mes histoires se font la belle par la fenêtre de mes lèvres 
c’est pour aller déposer au creux des oreilles alentours 
ce que j'ai de plus cher : 
ma terre, mes racines, mes convictions et mes engagements. 

Toujours du côté des plus faibles, des sans voix, 
je donne mes mots comme une main tendue entre hier et demain 
avec encore l’espoir que demain sera un jour plus calme…


Contes du bout des doigts


Mise en scène de Caroline Duval



Contes, comptines et jeux de doigts pour les toutes petites oreilles...
Ce matin, quand je me suis réveillée... bbbrrrrr!!
J'ai regardé dans ma cheminée: pas de feu!
J'ai regardé sous ma cheminée: pas de bois!
J'ai regardé dans me besace: vide!
Alors je suis sortie chercher du bois en forêt...
Et j'ai marché, j'ai marché, j'ai marché...
Et en chemin j'ai rencontré tous mes amis de la forêt
qui se préparaient, eux aussi, à passer un hiver bien au chaud...





à partir de 9mois
30 mn environ

La vie, quelle histoire!







Baptiste est un petit garçon tout à fait comme les autres...
Mais il a un gros défaut: il rouspète tout le temps...
Heureusement, Maman et Papa ont fini de se fâcher depuis longtemps...
ils inventent sans cesse des histoires pleines de fantaisie et de sagesse
pour que Baptiste finisse  par obéir... avec le sourire...





Baptiste, c'est vous, c'est nous. 
Il est une sorte de miroir grossissant 
dans lequel nous trouvons de bonnes raisons 
de rire de soi avec tendresse.


Jeune public
45 à 60mn selon l’âge moyen

Le Loup de Noël
De et par Isabelle Pozzi
Ce spectacle familial vous plonge dans l’ambiance des Noëls de l’arrière pays niçois, des montagnes du Mercantour. 
Dans la vieille bergerie, autour de la table du «gros souper», ce soir de Noël, le berger et le louvetier se souviennent, attisés par ce hurlement lugubre et pourtant si amical, là bas, de l’autre côté des carreaux, dans la neige...

La magie d’une rencontre sauvage une nuit de Noël entre les hommes et la bête, se mélange aux traditions calendales de nos montagnes, au patois, aux odeurs de cuisine, à la table couverte des treize desserts...

Un conte moderne et ancestral à savourer au coin du feu de la transmission...

Tout public
60mn



Au pas du loup...
Le loup fascine, inquiète, attire, terrorise...
On le voit de loin, on le connait mal... alors... 
on trouve des réponses dans nos esprits humains... 
les légendes voient le jour aux lueurs d’un feu de veillée, les histoires les plus improbables en font tantôt 
un animal totem, protecteur, bienveillant, 
tantôt une bête sanguinaire, un monstre dévoreur...

Qui est-il vraiment? 
Le saurons-nous enfin à la fin des récits?

Tout public
60mn

Contes sous le figuier...





Le Sud est une terre que tout le monde croit connaître et dont chacun se fait une représentation. 
Mais il ne suffit pas d'habiter un coin de terre pour en faire partie. 
Il faut encore prendre le temps de l'écouter, de le sentir. 
Il faut encore tenter de connaître l'histoire des gens qui font ce coin de terre. Pleurer et rire avec eux... alors seulement, peut-être... 

Tout public 
à partir de 7 ans
60mn


Femme l’Une...

Femme l’Une,
femme l’autre?
De l’une à l’autre un pas de plus et hop...
En équilibre sur le fil,
entre deux rôles,
entre deux vies,
vacillante et solide
pas le choix: avancer.








Tout public 
à partir de 10 ans
45 à 60 mn

Balval (Contes Tsiganes)





«Et je suis fier d’appartenir à un peuple qui n’a jamais déclaré la guerre parce que, nous les tziganes, nous n’avons pas eu besoin d’avoir un territoire; nous n’avons pas éliminé et poussé les autres populations pour nous installer à leur place.  »

Alexian Santino Spinelli
Rom, Maître assistant à l’université de Trieste

En ouvrant la grande malle, 
vous trouverez des chants 
qui sèchent les larmes 
lorsqu’elles ont trop coulé, 
des poèmes oubliés sur le sol 
des camps désertés, 
des paroles de va-nus-pieds, 
des lambeaux de joie profonde, 
des morceaux de détresse vraie... 
et toujours le regard fixé sur le lointain, l’ailleurs, les possibles demains...

Public adulte 
à partir de 15 ans
60mn

Le pas d'chez nous...
Texte d'Erick Aubourg

Un raisonnement par l'absurde d'une logique implacable et bourré d'humour. 
Un regard porté sur soi et sur l'autre... un questionnement profond... l'air de rien...


Public adulte 
à partir de 15 ans
60mn